Dans la société médiévale de l’Empire d’Ebène, rares sont ceux ayant l’occasion de voyager. Les pèlerins peuvent ainsi rapporter des nouvelles tout au long et au terme de leurs voyages, tout comme les marchands. L’office des messagers, instance officielle, a également pour but de faire circuler les informations importantes mais se limite, à quelques occasions prêt, à celles émanent de la noblesse et de la cour impériale. Il apparaît ainsi que seuls les bardes sont à même de colporter ragots et potins, tout ce qui est à même d’intéresser et de divertir tant le petit peuple que le plus humble des bourgeois.
De l’importance du dramatisme
Allant de tavernes en tavernes, les bardes gagnent ainsi leur vie en faisant circuler les nouvelles. Bonnes ou mauvaises, ces dernières se voient mises en musique et rapportées dans une version plus avantageuse pour l’artiste. Au détriment le plus souvent de son sujet, qui lorsqu’il s’agit d’une personne relativement influente, se voit tournée en dérision. Loin de constituer un problème pour le commun des mortels, qui se contente de prendre pour argent comptant ces informations, qui de toute manière n’influencent que rarement leur vie. On assiste ainsi à un phénomène où une rumeur peut se propager rapidement et se déformer dans des proportions à la limite du comique. Comme se fut le cas avec le Maître d’Ebène avant la création de l’Empire. Nobles et bourgeois y trouve leur compte en payant pour contrôler quelque peu les rumeurs qui portent atteinte à leur image, en composant le manque à gagner du barde ou en payant pour redorer leur blason.
Un public chaque jour différent
Vivre des maigres piécettes récoltées et d’un repas chaud offert par un sympathique tavernier ne suffit généralement pas à couvrir le train de vie fastueux d’un barde. Se contenter du public d’ivrognes d’une taverne est donc totalement exclu. Les bardes fréquentent le plus souvent une taverne pour se mêler à la populace et ainsi capter les dernières rumeurs afin d’adapter son répertoire avant d’entrer en scène pour rentabiliser ses dépenses en alcool. Commencer par se donner en spectacle en taverne permet aussi de prendre la température d’un comté, tout en signalant sa présence au notables locaux par le biais des miliciens qui ne manqueront pas de surveiller activement tout débit de boissons, voire à donner de leurs personnes en goûtant lesdites boissons afin que la population locale ne court aucun risque. Si la région semble prospère, le barde pourra envisager de se rendre au marché le plus proche afin de chanter devant un plus vaste public, voire de monter une farce médiévale avec les locaux.
Vers une influence directe quant aux relations intérieures.
Une fois en ville depuis quelques jours, il n’est pas rare qu’un notable fasse appel au barde pour son divertissement personnel, par amour de la musique ou tout simplement pour se tenir informé de ce qu’il se passe dans le voisinage. C’est pour le barde la garantie d’un salaire convenable tout autant qu’une pression supplémentaire. Si la plèbe se contente de trois accords approximatifs et du décès d’une roturière dans des conditions mystérieuses pour accompagner leur alcool frelaté, les nobles ont d’autres exigences. Informations précises, questions et musiques agréables à l’oreille sont de mise. Un barde reconnu ira d’ailleurs de son propre chef proposer ses services aux notables d’une ville, voire pour les plus fameux d’entre eux au seigneur local et à sa cour. Garde à eux de ne pas se montrer trop présomptueux, on ne compte plus les troubadours de secondes zones envoyés paître ailleurs manu militari.
Une formation à la dure et une polyvalence à toute épreuve.
Pour devenir barde, il n’y a aucune véritable école. Bien souvent un barde prend sous son aile un pupille et lui transmet tout ce qu’il connaît. C’est au cours de ses futurs voyages qu’il continuera à se former, maîtrisant au fur et à mesure d’autres instruments, d’autres styles. L’usage du chant, du tambourin et du luth sont des bases, complétées par la flûte ou le clavecin. Pourtant, nombreux sont les bourgeois à apprécier la viole de gambe ou d’autres instruments plus distingués, sans parler des nobles qui aiment à avoir à disposition un véritable orchestre. L’usage veut ainsi que les bardes invités à jouer devant une même assemblée, montent un groupe improvisé sans pour autant faire montre de défauts ou de dissonances. L’exercice est d’autant plus difficile qu’à cette occasion il faille enterrer ses rancoeurs et supporter la présence de ses concurrents directs. Les groupes de baladins itinérants sont assez rares mais existent néanmoins, alliant la musique de l’un aux talents de jonglage de l’autre. Ces groupes ont par contre mauvaise réputation et se voient interdits de séjour dans nombre de villes. Les seigneurs ne faisant appel qu’aux plus reconnus d’entre eux. Les fêtes populaires sont les seules occasions pour ces groupes de se donner en spectacle sur les places des plus grandes villes de l’Empire.
De l’importance pour un barde de soigner sa réputation
Si les bardes sont prompts à colporter les rumeurs sur les autres, nombreux sont ceux à traîner derrières eux quelques casseroles. Le résultat d’une nuit de beuverie et de débauche peut ainsi les suivre à tout jamais, tel une malédiction, colporté par leurs confrères. Un barde a ainsi tout intérêt à surveiller son langage, sa tenue et son comportement ou à se préparer à voyager plus que d’habitude, en veillant à se faire oublier avant de remettre les pieds en ville.
HRP
L’éloquence et le charisme sont les principales armes d’un barde. Mais savoir se servir d’un poignard peut se révéler essentiel. Attention à ne pas confondre barde et voleurs. L’un pouvant cacher l’autre sans pour autant être indissociable. Un séjour au cachot étant aussi néfaste pour un barde que la perte de ses instruments de musique, voire de sa voix elle-même.