À l’occasion de diverses célébrations, impériales et religieuses, les citoyens de tout l’Empire apprécient de se réunir et de faire la fête tous ensemble. C’est la raison d’être de ces grandes foires. Du moins ça et aussi générer des profits monstrueux pour tous les commerçants présents sur place. Foires et joutes attirent marchands, visiteurs et voyageurs de tout l’Empire. Parfois même au-delà. C’est une occasion unique pour tous d’acheter des produits venus du monde entier, d’assister à diverses représentations et même d’y prendre part. Si ces festivités ne gomment pas la hiérarchie impériale, elles en atténuent tout de même les séparations. Le temps d’une journée, toutes les classes sociales se côtoient et parfois des amitiés se nouent. Des inimitiés aussi, car ces foires sont parfois témoins de drames qui finissent sur les sables de l’arène.
Les foires marchandes
Dans l’Empire, seules les cités bénéficient du droit de foire. Villages et hameaux alentours peuvent y envoyer des marchands mais ne pourront organiser leur propre festival. Il existe évidement l’une ou l’autre exception et cela s’explique par l’implication des guildes dans le processus. Si en théorie il revient au préfet de chaque cité de veiller à l’organisation des foires c’est en réalité les guildes les plus influentes de la région qui font le gros du travail. Ce sont elles qui réunissent la majeure partie des marchands venus tenir étal à cette occasion. Tissant leur influence dans tout l’Empire, il est extrêmement difficile pour un marchand indépendant de venir s’y faire une place sans relations locales. Ce n’est pas le cas pour tous les corps de métier cependant. Un commerçant venu de loin ou proposant des denrées rares ne sera pas éconduit. Ainsi, camelots et autre petits revendeurs peuvent tenter leur chance. En ultime recours, le dernier mot revient tout de même au préfet et à ses agents. Ces derniers se retrouvent aux portes de la cité ou aux quelques bureaux de change installés pour l’occasion. Si la monnaie impériale est la seule usitée dans ces foires, il serait inconvenant de laisser les étrangers sans possibilité d’achats.
Les revenus des cités
Ainsi, la tenue d’une foire marchande est extrêmement lucrative. Plusieurs taxes y sont prélevées et tombent toutes dans l’escarcelle impériale. La plus importante reste la tonlieu, cette taxe de passage des marchandises qui s’étend pour l’occasion aux produits exposés en étal. C’est aussi dans certains cas le droit d’entrée dans la cité qui peut donner lieu à un taxe. Mais dans la plupart des cas elle est exceptionnellement suspendue pour ne pas dissuader certains de s’y rendre. C’est à chaque préfet de décider ce qui est le mieux pour sa cité, pour son duché. Évidemment les guildes locales ont aussi leur mot à dire. Il n’est pas rare que certains dons au trésor de la ville puisse dissuader les autorités de recourir à ces taxes. À noter ici que les camelots et autres saltimbanques échappent à ces taxes, ce qui explique que beaucoup les voient d’un mauvais œil. En effet, il sont payés en dehors des étals banalisés et l’or passe de main en main sans jamais être déclaré.
Les pièces de théâtre
Pour le peuple, ces foires sont aussi une occasion particulière de se divertir, tout en se cultivant mais aussi en apprenant d’une manière détournée les informations du moment. Si le crieur public fait correctement son travail, charge ne lui incombe pas systématiquement de mettre en forme ses cris, ni de les chanter. Ainsi, bardes, trobaritzs et autres bonimenteurs pullulent pour venir capter l’attention des badauds. Il est d’usage de leur jeter quelques pièces, surtout s’ils sont parvenus à vous faire rire. De plus, de plus grandes représentations sont parfois organisées. Sans êtres des pièces telles qu’on les retrouve dans les théâtres de Sifalle, il s’agit plutôt de farces menées par de petites troupes. Ce ne sont d’ailleurs pas des troupes fixes et elles s’assemblent souvent sur le moment. Les textes et thématiques de ces farces sont connues de toutes et tous, ce qui rend possible cette quasi improvisation.
« Les travaux de Siegfried Père du Peuple pour les Foires de notre glorieux Empire ont permis au cours des dernières décennies d’améliorer nos relations commerciales et diplomatiques avec nos voisins. Et il apparaît certain que nos connexions marchandes retrouvées avec l’Empire du Nord ne pourraient exister sans ces Édits et accords. »
Fernand Mordrel, Garde des Foires du Duché d’Osteria
Les joutes et la noblesse
Les événements attirant le plus les foules sont sans conteste les joutes à cheval. Loin devant les combats à pied, elles seules peuvent enflammer véritablement le cœur des gens. Il s’agit de duels entre nobles, se chargeant à cheval une lance couchée et coincée sous l’aisselle. Ce n’est cependant pas un combat à mort. Le but ici est de briser sa lance sur l’armure, le bouclier, de son adversaire. Ainsi, les lances se croisent et les nobles ont leur main d’arme du côté extérieur de la lice. Cette pratique de la lance couchée est pratiquée dans l’armée par les guerriers du crépuscule et parfois par quelques chevaliers de cour. C’est un art réservé aux seuls nobles de l’Empire. Cela s’explique de façon officielle mais aussi tout simplement par le prix rédhibitoire de l’équipement utilisé. Ce sont des armures de tournoi, spécialement renforcées et richement décorées. Dans les faits, elles sont proprement inutilisables à la guerre, car tout simplement trop lourdes. De plus, leur heaume particulier ne permet qu’un faible champ de vision. Dans le cas de certaines joutes, le but est de briser sa lance mais un système de notation peut aussi exister. Quand certains hauts gradés militaires sont présents, ils peuvent servir de juge. Ainsi, briser sa lance attribue des points, de même que désarçonner son adversaire. Déheaumer l’autre est considéré comme un exploit, car particulièrement difficile, de fait c’est le meilleur moyen de gagner l’approbation de tous. La noblesse, en plus de la joute, pratique ce qu’on appelle les 4 pointes. Il s’agit d’une addition de la joute, des duels à pieds, des combats à la hache de guerre ainsi que des combats à la dague. Ces deux derniers sont cependant assez peu pratiqués et souvent ouverts à la plèbe. Selon les régions, la bourgeoisie peut avoir elle aussi accès à quelques tournois, surtout à l’épée ou à la dague. Mais la lance leur reste résolument interdite.
Quand les tournois sont ouverts à tous, c’est l’occasion pour un simple paysan de devenir un véritable héros. Si les légendes rapportent des faits d’armes d’humbles citoyens revêtant une armure d’emprunt pour affronter des nobles sur la lice, c’est dans la réalité plus que rare. Par contre, c’est tout à fait possible dans les duels à pied. On ne compte plus les bretteurs entrés au service d’un noble ou d’un bourgeois après une passe d’arme réussie. C’est aussi pour l’armée un bon moyen de recruter des maîtres d’armes pour entraîner leurs recrues, ou simplement pour les marchands d’engager leur escorte sur le chemin du retour. Mais si chaque foire organise sa joute pour satisfaire la soif d’action de tous, elle ne serait complète sans les traditionnels tournois d’archerie. Cet événement reste incontournable, tant pour distribuer des prix aux plus habiles citoyens que pour les former au tir à l’arc. Ainsi, ce genre de tournois est régulièrement organisé et la participation de tous est encouragée. Dans certaines grandes cités, ils se font même quartier par quartier.