En Ebène, la mort occupe une place prépondérante dans la société. Si l’Empire n’est pas le seul à accorder de l’importance à ses rites et ses défunts, son approche n’en reste pas moins particulière. Sans être glorifiée ni tabou, elle fait partie intégrante de la vie quotidienne. De fait, Dracaelys dicte en majeure partie le soin accordé aux morts et à leurs funérailles. Mais le brassage culturel entre les races et les lois impériales influe aussi beaucoup sur la vision de la mort. Au final, nombreux sont ceux arpentant leur existence en ayant la métempsychose en pensée, persuadés que leur mort ne sera qu’une étape du voyage de leur âme.
Rites funéraires et mort selon les religions
Parmi les préceptes les plus largement acceptés, la crémation des défunts est devenue quasi obligatoire. Morts humains, nains ou monstres et restes animaux sont systématiquement brûlés. On trouve pour cela des dalles au cœur des cités en guise de crématoriums. Ce sont des grandes pierres plates taillées pour accueillir un ou plusieurs corps et être entourées de fagots de bois. C’est le rôle d’un prêtre d’officier au bûcher, à l’aide d’une flamme sacrée. Dans certains cas, un officiel de l’Empire pour servir de suppléant mais les chevaliers sont souvent préférés. Ces cérémonies sont donc publiques, mais les familles et amis proches sont souvent les seuls à assister aux funérailles. Les cendres sont ensuite dispersées. À noter ici que les Elfes choisissent d’avoir leurs corps enterrés pour ainsi retourner à la nature. Souvent au pied d’un arbre ou d’une jeune pousse. Chez les autres races, seuls les chevaliers et empereurs sont également enterrés. Ils le sont en armure pour des raisons eschatologiques. Même si selon la tradition de Dracaelys, l’esprit à la mort d’une personne se dissout. On parle ici de la dissociation du corps, périssable, et de l’âme, qui sera jugée et se réincarnera. Selon le Rituel maintenant, ses adeptes sont invités à mettre un terme à leur vie une fois leur but accompli. De fait, d’aucuns sont capables de repousser leur trépas tant que ce n’est pas le cas. Le suicide n’est cependant pas courant en Ebène. Il peut servir à laver son honneur, surtout chez les Elfes et les guerriers, mais s’apparente à fuir ses devoirs envers l’Empire. La mort est considérée dans tous les cas comme une épreuve que chacun doit affronter seul. L’âme étant soumise à jugement, il faudra donc que tous puissent répondre de leurs actes. Il faut ajouter ici qu’en cas de crime, la mort sert d’expiation et qu’un cessez-le-feu social est admis par la suite. Dans le cas d’un criminel ayant été pendu sur décision impériale, les membres de sa famille ne seront pas constamment exposés à ses défauts. Sa mémoire sera honorée comme n’importe quel autre citoyen. C’est d’ailleurs pour cela que l’ostracisation sera considérée comme avilissant et plus punitive que la peine de mort.
“Te voilà aux portes de ta prochaine vie. Il te reste trois jours pour dire adieu à ce corps, et ainsi clore une étape de ton chemin en ce monde. Puisse ce feu purifier ton âme et les dieux te juger. Que ton souvenir soit celui d’un être vertueux. Que ces flammes chassent les démons. Que nos trois piliers soient les tiens à jamais.”
Prière aux morts de Dracaelys.
La mort dans la société
Au delà de l’aspect religieux, la mort a également un aspect social. Si les anniversaires ne sont pas des événements festifs, c’est en revanche le cas de la mort d’un membre de la famille. À cette occasion, les proches se rassemblent et célèbrent ensemble la vie qui continue et la mémoire de leur défunt. C’est d’ailleurs le cas dans chacune des couches de la société. La différence résidera dans le degré d’intimité des membres présents lors de la cérémonie. Dans la Bourgeoisie et la Noblesse, il y aura globalement plus de voisins et connaissances. Ces derniers venant par obligation sociale plus que par amitié. Les célébrations publiques en elles-mêmes sont assez rares. Elles sont réservées pour les personnages qui resteront gravés dans la mémoire collective. C’est le cas de certains empereurs, même si le phénomène en Ebène est loin de valoir le culte des saints pratiqué dans l’[Empire Austral]. Ainsi, pour les citoyens, seuls quelques noms seront retenus dans la mémoire générationnelle et se remplaceront les uns les autres au fil du temps. Il y aura ici une grande différence selon les races. Les humains ayant une espérance de vie ne dépassant que rarement les 60 ans, la mémoire se renouvellera bien plus rapidement. Les nains atteignant aisément les 80 ans, quand leur milieu social le permet, ils retiendront plus de proches. C’est d’ailleurs cohérent avec leur notion de famille étendue à leur groupe social, tels que les clans. Chez les Elfes pouvant devenir centenaires, parfois plus, ils retiendront certains noms sur plusieurs générations. Ils accordent une grande importance au respect des traditions et des choses du passé et cela se retrouve dans leurs cérémonies. Certains lieux d’inhumation, certains cimetières, arborent ainsi des pierres tombales et leur mémoire perdure de la sorte. D’ailleurs, l’un des soldats ayant sacrifié sa vie aux côtés des Elfes durant la Grande Guerre s’est vu enterré en territoire elfique. Ce fut le premier et sa tombe est devenue un symbole. Chaque empereur y vient au moins une fois y déposer une gerbe de fleurs, même si son nom s’est perdu depuis bien longtemps.
“La première chose qu’on apprend au début de son service ? Que personne n’est un héros ! Mourir hors des lignes est inutile, même dans un élan de bravoure. Un soldat doit servir à maintenir le front en se battant avec ses pairs, côte à côte. Un soldat seul, même capable d’exploits légendaires, est tout simplement inutile.”
Officier impérial
Noblesse et noms illustres
Dans la Noblesse, la mort joue un rôle tout particulier. C’est un événement qui marque une passation de pouvoir entre deux générations. Du moins pour les morts naturelles. De fait, il y a ici quelques particularités nobiliaires. Les familles ayant des blasons, ils passent ainsi à la nouvelle génération. C’est souvent l’occasion d’y apporter une modification même si la pratique n’est pas obligatoire. Certains y apportant une touche personnelle pour se démarquer, d’autres choisissant de porter leur héritage sans y toucher. Le blason va ainsi avec un nom à porter qui sera parfois lourd de sens et s’accompagnant de responsabilités. Souvent considérés dans les cités où ils s’établissent, les défunts de noble extraction laissent un impact fort dans l’inconscient collectif. De même que les artisans de grande renommée ou des hommes et femmes particulièrement appréciés. Dans ces cas, leur progéniture a un certain devoir de mémoire. Dans la Noblesse, cela passe par un semblant de culte, allant avec un sens du respect filial. La bourgeoisie comme souvent choisira de copier cela en exagérant certains traits. C’est ainsi le cas dans certaines familles d’artisans vénérant presque le fondateur de la famille et exigeant beaucoup de ses héritiers, surtout dans les guildes. Comme pour les Nobles, on retrouve beaucoup de portraits, quelques statues et surtout une utilisation de certains noms comme argument commercial.
La mort dans la loi
La mort au sens légal du terme donne lieu à plusieurs taxes et dispositions spéciales. Il y a la mainmorte, une prise directe de part sur l’héritage par l’Empire. C’est le rôle des questeurs le plus souvent de faire appliquer cette règle. Selon les duchés ou les villages, la part retenue est plus ou moins importante. À noter que cette part peut aussi dépendre des relations des Bourgeois et Nobles concernés. Dans le cadre de dettes, elle ne suit pas forcément les règles de filiation classiques. Chez nombre de paysans et artisans, l’usage d’un bien emprunté peut généralement vous conduire à régler les dettes du propriétaire défunt. Ces questions se règlent devant la cour de justice, représentée par un Noble. Il est important de noter que l’Empire prend le gros des obsèques en charge, chacun ayant le droit de passer dans sa prochaine vie dans des conditions correctes. Pour beaucoup, la mort d’un proche est souvent l’occasion d’effectuer un don en son nom à une œuvre quelconque. Cela varie selon chaque classe, mais nombre de familles réunissent une petite somme à destination de l’Eglise. C’est considéré comme le dernier acte de bonté du défunt à porter à son crédit.
Mort et maladies incurables
La solidarité étant au centre de la notion de société impériale, il est de coutume de soigner et accompagner les personnes en difficulté. C’est un devoir religieux autant qu’une obligation sociale. D’ailleurs, certains citoyens peuvent choisir de passer leur service militaire non pas à manier les armes mais à soigner les indigents. Ce n’est cependant qu’une aide, le système étant loin d’être parfait. La qualité des soins est aléatoire et les opérations lourdes souvent impossibles. Les mages capables de soins, les prêtres experts en chirurgie et autres spécialistes sont relativement chers et de fait leurs services sont réservés le plus souvent à une certaine élite. Ainsi, le soin aux indigents passe souvent par des soins palliatifs. Effectuer son service dans un hôpital ou une léproserie marque bien plus les consciences que les manœuvres et le drill militaire. Ce dispositif cache une terrible réalité. Les grandes épidémies sont assez fréquentes dans l’Empire et chez ses voisins. L’amélioration des voies commerciales et le peuplement des cités facilitent ainsi leur propagation. C’est le cas des trois fléaux magiques qui peuvent décimer des régions. La seule solution trouvée à ce jour reste la quarantaine, des hôpitaux, des quartiers voire des cités entières. Dans ces périodes, la mort devient omniprésente et les crémations quotidiennes. Des mesures exceptionnelles peuvent même être prises dans ces cas là. Les corps sont brûlés en groupe ou même enterrés en marge de la cité quand la situation devient désespérée. Comme pour de nombreux malheurs, les citoyens de l’Empire savent s’y adapter et vivre avec, en attendant des temps plus cléments.
“Les quarantaines sont hélas le moment de toutes les injustices. Les quartiers riches se retrouvent bouclés et disposent des meilleurs soins. Les quartiers pauvres sont laissés à eux-mêmes et les campagnes sont carrément abandonnées à leur sort sans aucune chance d’aide.”
Sire Caragan, Chevalier de Dracaelys
HRP, la mort des joueurs
En ce qui concerne les joueurs et joueuses, la mort est là aussi omniprésente même si le traitement inconscient est différent. De fait, les joueurs tuent régulièrement sans réellement s’en soucier. Brigands, “méchants”, ou monstres voire innocents, leur mort n’a le plus souvent aucun impact. De fait, c’est dans le cadre d’un jeu et non d’un débat éthique. Pourtant son traitement sociétal est important dans Nebomore. Ainsi, les joueurs gagnent à penser la mort différemment de leurs habitudes. Pour renforcer l’immersion mais aussi pour sentir le poids de l’univers et de ses règles. Par exemple, l’obligation sociale de brûler les corps après un combat, contre des brigands mais aussi contre des monstres peut apporter à l’ambiance. De même que l’interdit éthique de piller les cadavres, surtout pour certaines classes. Enfin, le respect tacite des morts est lui aussi à prendre en compte. Pas de vengeance par-delà la mort, en général, ni de rancœur envers les familles. Dans tous les cas, cela s’explique par le poids des religions sur les gens. Tous doivent veiller à ne pas se laisser corrompre pour que leur âme ne se retrouve pas entre les griffes des démons. Enfin, si ces questions sont importantes pour les personnages, elles doivent être amenées avec subtilité pour les joueurs. Il faut ici parler de contrat social, explicite ou non, voir d’utilisation d’une X-Card. Globalement, cela ne doit ni choquer ni prendre par surprise des joueurs. Par respect mais aussi tout simplement pour ne pas briser l’immersion et veiller à ce que chacun s’amuse.